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Sachez que la date d’édition est 2023-03-20 16:26:00.
L’article en question :
Reconnu coupable de tentative d’assassinat de son épouse, préparé avec « grande méticulosité » en 2017 selon l’accusation, le Témoin de Jéhovah Philippe Goncalves a été condamné ce lundi soir à 18 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de Seine-et-Marne. Le second accusé, Sami M., 29 ans, qui est la clé de voûte du dossier contre l’accusé après son témoignage, a été condamné à quatre ans de prison dont deux ans et demi de sursis, pour violences volontaires avec arme pour avoir tiré sur Philippe Goncalves.
Engoncé dans un pull à col roulé gris, Philippe Goncalves est apparu abasourdi lors de l’annonce du verdict – rendu après cinq heures de délibéré – une expression tranchant avec le calme et la contenance affichée durant les débats. Sa femme et victime l’a longuement fixé du regard, sa mère a quitté la salle de manière précipitée. Dans l’après-midi, ses avocats avaient plaidé l’acquittement pendant deux heures. « Il n’y a pas de témoin oculaire, pas d’arme du crime, pas de sac à dos… Il est effrayé par la perspective d’être condamné par une cour d’assises, des jurés, qui auront eu à composer avec des éléments bancals, incomplets, troublants », a déclaré Me Archibald Celeyron.
Pique-nique sanglant
Depuis mardi, son client âgé de 39 ans comparaît devant la cour d’assises de Seine-et-Marne, accusé d’avoir tenté d’assassiner sa femme. Le 4 juin 2017, le chef d’entreprise dans le bâtiment invite son épouse, dont il partage la vie depuis 13 ans, à un pique-nique romantique dans le parc du château de Champs-sur-Marne. Le couple est fragilisé par son flirt avec une collègue, il espère renouer les liens avec sa femme. Il offre un parfum à son épouse, ravie. Il lui suggère alors de se retourner pour une seconde surprise.
Après de longues secondes d’attente, c’est une balle qui la surprend, la touche au crâne et la plonge dans une « lumière jaune ». « J’ai le souvenir de mon cœur qui bat très fort. Avec mon habituel esprit logique, scientifique, je me dis que si mon cœur bat c’est que je ne suis pas morte. Après, je prie », a-t-elle décrit à la cour. Après quelques minutes, son mari réapparaît et accourt vers elle, blessé par balle à l’épaule gauche. « On nous a tiré dessus ! », lui crie-t-il. Philippe Goncalves affirme qu’ils ont été visés par un mystérieux tireur caché à distance, quand la justice lui reproche d’avoir eu recours à un complice caché dans les bois pour maquiller son crime en agression.
« Sang-froid »
« Si c’est la cible, pourquoi a-t-il été visé à l’épaule? », a fait mine de s’interroger l’avocate générale Marie-Aude Chaminade. Avant d’accuser : « Il n’est pas la victime qu’il prétend être mais l’auteur du tir contre son épouse ». Pour punir ce « projet préparé pendant des semaines », avec « grande méticulosité et sang-froid », elle avait requis vingt ans de réclusion criminelle, ainsi que cinq années de suivi socio-judiciaire.
Avec un os fracturé, la miraculée garde comme seule séquelle physique un creux au crâne. Mais depuis presque six ans, ce sont les doutes qui envahissent son quotidien, intensifiés par la mise en examen de son mari, un an après les faits. Cette hôtesse d’accueil « cherche surtout à connaître la vérité », d’après son avocat, Alain Thibault. « Tant qu’elle n’aura pas entendu de la bouche de son époux qu’il est coupable, elle aura toujours un doute ».
Tout au long de l’instruction, pendant le premier procès – reporté pour cause d’infection au Covid – et les débats actuels, Philippe Goncalves a toujours nié tout dessein criminel. Au cœur du procès, le mobile qui aurait pu être le sien. Pour l’accusation, la démonstration est simple : dans la communauté rigoriste des Témoins de Jéhovah, un mouvement religieux régulièrement accusé de dérives sectaires et auquel ils appartiennent dévotement depuis plus d’une décennie, le divorce est condamné et fait peser un risque d’excommunication en cas de remariage… contrairement au veuvage. « Mais pourquoi parle-t-on de divorce? C’est un hors-sujet total dans ce dossier », a réfuté Me Celeyron, soutenant que malgré les flirts, Philippe Goncalves n’avait jamais souhaité se séparer de son épouse, sincèrement aimée.
La qualification de « complicité d’assassinat » à l’encontre du second accusé, Sami M., n’a pas été retenue. Il était arrivé libre à l’audience et en est ressorti libre.
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