Malveillance de caste dans la prise en charge alternative

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Dans la diaspora indienne, les institutions hiérarchiques comme la caste compromettent la prise en charge alternative des enfants privés de famille. Quel impact la culture et la religion ont-elles sur ces enfants en Inde ?

Dans le rapport Insamer 2020, on estime qu’il y a environ 31 millions d’enfants en Inde qui sont privés de soins familiaux. Ces enfants comprennent ceux qui sont orphelins, abandonnés ou victimes de la traite, ainsi que les enfants dont les familles ne pouvaient pas s’occuper d’eux. Cependant, selon l’Autorité centrale de régulation de l’adoption (CARA), environ 500 000 enfants sont pris en charge dans des établissements de garde d’enfants à travers le pays et seulement environ 3 500 enfants, en moyenne, sont pris en charge chaque année dans des systèmes de prise en charge familiale. La raison de la lenteur du taux de désinstitutionnalisation est multiple – y compris les attitudes des futurs parents adoptifs ou nourriciers à opter pour des enfants en fonction de considérations culturelles ou religieuses.

L’Inde abrite une population culturellement et religieusement diversifiée. Cependant, les familles, tout en offrant une prise en charge alternative, ont tendance à choisir des enfants qui sont ethniquement, religieusement et culturellement alignés avec eux-mêmes. Lorsque la lignée familiale est inconnue, la probabilité que les enfants soient adoptés ou se voient offrir une protection alternative est assez faible. Le système des castes existe depuis des siècles et une caste est considérée comme acquise à la naissance en fonction de la caste des parents. Bien que l’Inde ait parcouru un long chemin en matière de développement social, des interactions fondées sur la caste se produisent toujours, tant dans les zones rurales qu’urbaines. Ce mal social incessant joue toujours un rôle majeur lorsque les familles choisissent d’adopter ou de fournir une protection alternative, malgré l’existence de lois condamnant la discrimination.

Pour un développement complet et harmonieux, la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant (CNUDE) ainsi que les Lignes directrices des Nations Unies pour la protection alternative mettent l’accent sur la croissance des enfants dans un environnement familial. Selon l’article 20 de la CNUDE, un enfant temporairement ou définitivement privé de son milieu familial doit bénéficier d’une protection et d’une assistance spéciales. Il existe également une obligation impérative de la part de l’État d’assurer une prise en charge alternative sur la base des lois nationales, en tenant dûment compte de « l’origine ethnique, religieuse, culturelle et linguistique de l’enfant ». La question ici est de savoir s’il doit y avoir des considérations culturelles ou religieuses dans la fourniture d’une telle prise en charge alternative dans un pays aussi diversifié que l’Inde.

Lorsqu’un enfant est placé dans la famille en fonction de son milieu socioculturel, cela joue un rôle énorme pour aider les enfants à faire face et à s’adapter à la nouvelle famille et ce serait également un pas en avant dans la préservation de son identité et le respect de son / sa culture. En Inde, la principale loi régissant la prise en charge alternative est la loi de 2015 sur la justice pour mineurs (prise en charge et protection des enfants) (JJ Act, 2015). En fournissant une prise en charge alternative aux enfants, ni la loi JJ de 2015 ni les règles types de justice pour mineurs (soins et protection) de 2016 ne font référence à la culture ou à la religion. C’est pour une raison.

En Inde, accorder de l’importance au milieu socioculturel tout en assurant une prise en charge familiale aggraverait encore le problème du système de castes et de la stratification. L’Inde est principalement une société hindoue et est stratifiée en fonction de la caste. Bien que la religion soit la même, les pratiques culturelles de la population diffèrent en fonction de leur caste. Les statistiques indiquent que l’une des principales raisons du nombre élevé d’enfants orphelins et abandonnés en Inde est due à l’inégalité sociale et à la pauvreté qui découlent en fin de compte du système des castes. On peut aussi interpréter que la plupart des enfants privés de leur milieu familial sont des Dalits (ceux considérés comme appartenant à des castes inférieures) et/ou issus d’un milieu économique défavorisé. Dans ce scénario, placer l’enfant dans une famille en fonction de son origine culturelle ou religieuse serait préjudiciable. En effet, d’une part, cela conduirait à une plus grande stratification et, d’autre part, les enfants appartenant à la caste inférieure se verraient refuser toute prise en charge familiale ; dans le pire des cas, ils peuvent rester inadoptables pour toujours. Cela va à l’encontre du principe de non-discrimination prévu à l’article 2 de la CNUDE et à l’article 14 de la Constitution indienne.

Dans la prise en charge alternative basée sur la famille, le placement des enfants dans une famille basée sur la culture ou l’origine religieuse pose un risque énorme de stratification dans des pays culturellement hétérogènes et divers comme l’Inde. Au lieu de cela, il doit y avoir une promotion de la culture où la prise en charge alternative basée sur la famille est promue pour tous les enfants de manière égale et ces enfants doivent être autorisés à pratiquer leur religion et leur culture respectives. De cette manière, non seulement le droit à l’identité, mais aussi le droit à la religion et à la culture des enfants sont promus. Les enfants sont également assurés d’un environnement familial.

Selon les données du CARA, plus de 26 000 futurs parents adoptifs étaient enregistrés dans le CARA pour l’adoption dans le pays et environ 1 200 parents pour l’adoption internationale. Ainsi, on peut en déduire que la demande d’adoption en Inde est assez élevée. Il est nécessaire que les futurs parents regardent au-delà de leur culture ou de leur religion et soient ouverts à la prise en charge familiale des enfants. La Cour suprême de l’Inde, dans l’affaire historique de M / s Shabnam Hashmi c. Union of India & Ors, a également souligné la même chose. Il a statué que toute personne est libre d’adopter des enfants sans distinction de religion ou de caste en vertu de la loi JJ de 2015. Bien qu’il s’agisse d’un énorme pas en avant pour l’Inde dans le développement de la protection alternative, il reste encore un long chemin à parcourir pour construire une protection alternative solide. système. Par exemple, lorsqu’il s’agit d’accueil familial, il y a une méconnaissance du système et une certaine réticence à l’accepter. Par conséquent, il est important que l’État crée une plus grande sensibilisation et un environnement positif, et réduise le tabou de la prise en charge familiale des enfants privés de leur famille.

Le parcours de ces enfants de la privation de milieu familial à la prise en charge familiale est long et fastidieux. La situation est aggravée par l’accent mis sur la culture ou la religion par les futures familles. Cela ne devrait pas être le cas. L’État doit veiller à l’abrogation de cette discrimination.