Les règles d’arbitrage NAI 2024 : meilleures, plus rapides, plus vertes !

Aujourd’hui, parallèlement au 75ème anniversaire de l’Institut néerlandais d’arbitrage (« NAI »), le nouveau règlement d’arbitrage du NAI 2024 (le « Règlement NAI ») entrera en vigueur et sera applicable aux arbitrages NAI déposés à compter du 1er mars 2024. Les nouvelles règles NAI, qui avaient été révisées pour la dernière fois en 2015, introduisent un certain nombre de fonctionnalités innovantes et visent à permettre un règlement des différends plus efficace et plus rapide, répondant ainsi aux besoins et à la sophistication croissante des utilisateurs de l’arbitrage international. Dans cet article de blog, nous discuterons des changements les plus importants apportés aux règles NAI.

Organes administratifs de l’INA

Le premier ajustement notable des règles du NAI est la création d’un comité de gestion des cas du NAI (article A1, paragraphe 1 de l’annexe A).). Le comité de gestion des dossiers du NAI sera chargé de l’administration des arbitrages, reprenant le rôle précédemment occupé par l’administrateur du NAI, et sera composé d’au moins trois membres, désignés par le conseil d’administration du NAI. Le Secrétariat du NAI soutiendra les membres du Comité de gestion des cas du NAI dans l’exercice de ses fonctions (Article A1, paragraphe 2 de l’Annexe A).).

Garanties supplémentaires pour l’indépendance et l’impartialité des arbitres

Les règles NAI révisées introduisent de nouvelles garanties pour garantir l’indépendance et l’impartialité des arbitres.

Premièrement, les nouvelles règles introduisent une obligation de déclaration pour l’utilisation du financement des litiges (article 9, paragraphe 2 sous (f)). Une demande d’arbitrage ou une réponse courte, selon le cas, devra désormais divulguer le nom de toute partie, autre que les parties à l’arbitrage, qui a conclu un arrangement avec une partie à l’arbitrage pour le financement de réclamations ou de demandes reconventionnelles sur le sur la base duquel cette dernière partie a un intérêt bénéficiaire dans l’issue de l’arbitrage. Une telle exigence a, par exemple, également été incluse dans le cadre de la révision des règles ICC, des règles VIAC et des règles Delos en 2021, ainsi que des règles d’arbitrage AIAC en 2023.

Deuxièmement, le NAI a amélioré la déclaration d’indépendance et d’impartialité, de disponibilité et d’accessibilité électronique de l’arbitre, donnant aux parties et aux co-arbitres (le cas échéant) la possibilité de soumettre des commentaires (article 13, paragraphe 3).).

Troisièmement, les co-arbitres nommés doivent communiquer avec le membre responsable du comité de gestion des dossiers de la NAI lors de la nomination du président du tribunal arbitral (article 16, paragraphe 2).).

Enfin, la procédure de récusation des arbitres a été améliorée. Un Comité de Challenge spécial est chargé de traiter les demandes de challenge et une Chambre de Challenge constituée par le président du Comité de Challenge décide du bien-fondé d’une contestation (Article B1 de l’Annexe B).). Par ailleurs, la procédure de contestation comprend désormais une clause dissuadant les parties d’abuser de leur droit de contester (article B3, paragraphe 7 de l’annexe B).).

Améliorations de l’efficacité

La NAI a également apporté de multiples modifications à son règlement d’arbitrage pour améliorer l’efficacité des procédures d’arbitrage.

Le premier de ces changements concerne la procédure de nomination de l’arbitre (article 15, paragraphe 2, sous (d)). Selon les nouvelles règles de la NAI, le membre responsable du comité de gestion des dossiers de la NAI peut nommer directement des arbitres au cas où les parties ne le feraient pas. Cela ne signifie pas que la procédure de liste, un argument de vente unique de l’arbitrage NAI qui a gagné en popularité au niveau international, disparaît complètement (G. Fasfalis et BR Hoebeke, The Future of International Arbitration, 6 octobre 2021). Les parties peuvent toujours s’entendre sur l’application de la procédure de liste, cependant, si la nomination conformément à cette procédure s’avère impossible, le comité de gestion des cas du NAI procédera à une nomination directe. Cet amendement devrait améliorer l’efficacité des procédures et contribuer à une diversité accrue des arbitres.

Deuxièmement, les nouvelles règles de la NAI prévoient la tenue obligatoire d’une conférence de gestion du dossier au plus tard trois semaines après la soumission du dossier d’arbitrage au tribunal arbitral (article 26), ainsi qu’une conférence intermédiaire fixe à tenir après le dépôt du mémoire en défense (article 30). Attendu que la conférence initiale de gestion de l’affaire offre aux parties et au tribunal la possibilité de s’entendre sur des questions de procédure et de les aborder, entre autresla production de preuves et l’adéquation de l’affaire à une procédure d’arbitrage accélérée, la conférence intermédiaire est principalement organisée dans le but de fournir des informations, des consultations sur la suite de l’arbitrage ou d’explorer la possibilité d’un règlement (voir également P. Wilinski, K. Mazoori et G. Fasfalis, Assemblée générale annuelle 2023 de la NAI : un récapitulatif, 23 décembre 2023).

Troisièmement, les règles NAI introduisent la possibilité de procédures d’arbitrage accélérées (article 42), suite à une demande accrue de procédures simplifiées et sur mesure pour résoudre les litiges moins complexes ou de faible valeur (B. Wanders, The Envisaged 2022 NAI Arbitration Rules, 9 novembre 2021). Les règles d’arbitrage accéléré s’appliquent lorsque : (i) la ou les conventions d’arbitrage prévoyant un arbitrage sous les auspices de la NAI ou conformément aux Règles de la NAI ont été conclues le ou après le 1er mars 2024 ; (ii) le montant total réclamé par le demandeur dans la demande d’arbitrage ne dépasse pas 1 million d’euros ; et (iii) les parties n’ont pas exclu l’application des règles d’arbitrage accéléré. Une telle procédure accélérée permet aux parties d’obtenir une sentence dans un délai de six mois. Si le membre responsable du comité de gestion des cas du NAI décide que le cas ne peut pas être tranché dans le cadre d’un arbitrage accéléré, le cas sera avancé sous forme d’arbitrage sur le fond.

Quatrièmement, les règles NAI prévoient la possibilité d’une détermination rapide (article 45), qui vise à rationaliser les procédures et à rejeter à un stade précoce les réclamations manifestement irrecevables ou infondées (M. Han et A. Solanki, Early Determination: A Secret Recipe for Arbitral Efficiency ?, 12 mai 2023). Ainsi, à la demande d’une partie, le tribunal arbitral peut, en ce qui concerne une ou plusieurs questions de droit et/ou de fait, décider par voie de détermination rapide si une demande, demande reconventionnelle ou défense est : (i) manifestement irrecevable ; (ii) manifestement en dehors de la compétence du tribunal arbitral ; ou (iii) manifestement infondée sur le plan juridique.

Cinquièmement, les règles NAI permettent que les réclamations relatives aux litiges découlant de plusieurs contrats soient traitées dans le cadre d’un seul arbitrage (article 11).). Cela nécessite que ces litiges opposent les mêmes parties et soient soumis à un arbitrage sous les auspices de la NAI ou conformément aux règles de la NAI.

Enfin, les nouvelles règles NAI prévoient Amsterdam comme lieu d’arbitrage par défaut si les parties n’en ont pas convenu autrement (article 27). Cela permettra aux parties d’opter pour un litige post-judiciaire en anglais devant le tribunal de commerce des Pays-Bas, même après que la sentence ait été rendue.

Améliorations de la qualité

Les règles NAI ont également été modifiées pour améliorer la qualité des procédures d’arbitrage. Par exemple, l’IAN a introduit la possibilité d’examiner les projets de sentences arbitrales (article 50, paragraphe 4).). Cet examen sera toutefois plus léger que celui de la CPI. Le membre responsable du comité de gestion des cas du NAI peut faire des recommandations au tribunal arbitral concernant les exigences de la sentence arbitrale et peut signaler au tribunal des erreurs de calcul ou d’écriture évidentes ou toute omission de statuer sur des (reconventionnelles) demandes. En outre, les nouvelles règles de la NAI offrent aux arbitres la possibilité d’imposer des sanctions financières à toute partie en cas de comportement procédural inapproprié (article 4, paragraphe 2).

Durabilité, diversité et inclusivité

Afin d’améliorer la durabilité, la diversité et l’inclusion des arbitrages, les nouvelles règles de la NAI prévoient que toutes les communications au cours de la procédure doivent être effectuées par courrier électronique ou via la plateforme d’arbitrage de la NAI (article 50, paragraphe 4).). En outre, tous les acteurs concernés par l’arbitrage doivent prendre en compte : (i) les aspects de durabilité lors de la conduite de la procédure ; et (ii) les avantages de la diversité et de l’inclusion lors de la nomination d’arbitres potentiels et lors de la nomination d’arbitres en vertu du Règlement (article 25, paragraphe 5).).

Conclusion

Les règles NAI 2024 introduisent un nombre considérable de nouvelles fonctionnalités et de modifications, répondant ainsi aux besoins des utilisateurs de l’arbitrage international et alignant les règles sur les tendances mondiales actuelles de la pratique de l’arbitrage international. Les nouvelles règles faciliteront sans aucun doute une résolution des litiges plus efficace et plus rapide, notamment grâce à l’introduction de procédures accélérées et de détermination rapide, ainsi qu’à une procédure de nomination des arbitres plus rationalisée (voir également M. Hetterscheidt, publication LinkedIn, février 2024).). On peut s’attendre à ce qu’un examen équilibré des sentences arbitrales améliore la qualité des sentences, sans préjudice du pouvoir discrétionnaire du tribunal arbitral. Enfin, il convient d’accueillir favorablement l’inclusion explicite de dispositions en matière de durabilité, de diversité et d’inclusivité. Dans l’ensemble, les rédacteurs doivent être félicités pour un ensemble de règles d’arbitrage considérablement amélioré, qui, espérons-le, attirera davantage de litiges aux Pays-Bas et encouragera encore plus d’utilisateurs (internationaux) à opter pour l’arbitrage NAI.